I - Un nouvel ordre économique mondial (1944-1971)
A – Crise, guerre et paix
Constat : l’attitude des Etats dans les années 30 : protectionnisme (protection de son marché contre la concurrence étrangère), autarcie économique, dévaluation … est jugée responsable de la montée des régimes autoritaires et de la guerre. En 1945, les Alliés veulent développer la coopération économique entre les pays…
1944-5 : lors des grandes conférences de 1944 et 45 (Bretton Woods, San Francisco…), les pays présents expriment l’espoir que le libre-échange et la coopération économique peuvent garantir la paix et faciliter la reconstruction économique. Les Etats créent conjointement plusieurs institutions à finalité économique : le Fond Monétaire International et la BIRD (Banque Internationale de Reconstruction et Développement, qui deviendra la Banque mondiale).
La domination américaine dans la mise en œuvre du nouvel ordre économique mondial : 65 % des réserves mondiales d’or, les E-U financent la reconstruction européenne par le Plan Marshall, ce qui leur ouvre un marché pour leurs exportations. L’URSS est absente de ces négociations (un observateur à Bretton Woods), les accords ne valent que pour le bloc occidental.
B – Un nouvel ordre économique mondial
Le nouvel ordre économique mondial (conçu entre autres par J. M. Keynes) est ratifié à la conférence de Bretton Woods (juillet 44). Doc. 3 p. 377 : il met en place d’un Système Monétaire International fondé sur le dollar (monnaie des échanges, monnaie de réserve convertible en or). Ce SMI doit garantir la parité des monnaies entre-elles, le FMI aidera les Etats en difficulté financière et la BIRD (Banque mondiale) facilitera la reconstruction et le développement des Etats ravagés par la guerre. La stabilité du système de change entre monnaies doit faciliter les échanges économiques entre les Etats.
Bretton Woods encourage la libéralisation des échanges. Doc. 2 p. 377. A partir de 1947 les cycles de négociations du GATT (General Agreement on tariffs and trade) réunissent les principales puissances économiques, lesquelles décident petit à petit de réduire leurs barrières douanières, supprimer les règles limitant la libre circulation des produits étrangers et supprimer les avantages (« privilèges ») accordés aux productions nationales.
C – Limites du nouvel ordre économique mondial
Le contexte économique évolue. Les Etats d’Europe occidentale et le Japon redeviennent des puissances économiques rivales. Les E-U, dans la guerre froide et la course à l’espace, s’endettent et ne peuvent maintenir la parité or-dollar. La perte de confiance dans le $ augmente alors qu’une quantité importante de $ de dollars est détenue par des non Américains (Européens, « pétro-monarques ») et est convertible en or… Pour faire face aux difficultés financières, à la baisse du stock d’or américain, les E-U suspendent la convertibilité du $ en 1971 = le SMI s’écroule.
Le nouvel ordre économique est plus favorable aux pays développés qu’aux pays en développement nouvellement décolonisés. Dans les conférences internationales des Nations Unies (CNUCED), les pays du Sud s’unissent (groupe des 77 à partir de 1965) et revendiquent l’aide des pays riches et la prise en compte de leur retard économique. Ils veulent protéger leurs productions de la concurrence de celles des pays riches, protéger leurs ressources de l’emprise des grandes entreprises étrangères et pouvoir développer leurs propres industries.
II – … Affronter la crise (années 70-90)
A – Des pays en difficulté financière, des sociétés subissant la crise
Le système monétaire international implose. Le change devient flottant, et favorise la concurrence entre les Etats. Avec l’augmentation des prix des matières premières (chocs pétroliers des années 1970), les Etats du Nord sont confrontés à l’inflation. La croissance faiblit en Occident, le chômage se développe et les Etats connaissent des déficits budgétaires conséquents. De nouveaux pays industrialisés apparaissent en Asie (NPIA) et connaissent une croissance forte : Corée du Sud, Taiwan, Hon Kong, Singapour (les « Dragons »).
Le Tiers monde ou les pays du Sud (expression née au début des années 80) ne suivent pas la même évolution. Beaucoup de pays, fortement endettés, subissent des Programmes d’Ajustement structurels imposés par le FMI. Ils doivent réduire leurs dépenses (par la diminution du nombre de fonctionnaires, des salaires, pensions et aides sociales), privatiser leurs secteurs économiques et ouvrir leur marché à la concurrence en échange d’une aide financière conséquente. Les PAS sont très critiqués :
Les PAS sont critiqués pour leurs coûts sociaux : augmentation de la pauvreté, accroissement des inégalités sociales, démantèlement des services publics au profit du secteur privé…
B – Comme solution à la crise, l’idéologie libérale s’impose dans la gouvernance mondiale
L’idéologie néolibérale ou « Révolution conservatrice » vient des E-U (Reagan) et du R-U (Thatcher) et est théorisée par des économistes. Ces derniers dénoncent le modèle keynésien, celui d’un Etat protecteur (Etat-providence), régulateur et acteur de l’économie. Ils prônent la déréglementation des activités économiques, l’austérité budgétaire pour lutter contre l’inflation, l’autorégulation des marchés (dont celui de l’emploi !). Ces mesures d’inspiration libérale s’imposent dans les institutions financières internationales, c’est le « consensus de Washington »
L’auteur –un libéral- critique les politiques keynésiennes pratiquées dans le monde occidental qui reposaient sur l’acceptation des déficits budgétaires. Un système acceptable tant que le SMI était fonctionnel et que la croissance était forte. Avec la stagnation économique, la fin du SMI, l’échec des politiques de relance, l’inflation s’est aggravée et les déficits budgétaires se sont accrus.
Des mesures libérales sont adoptées dans tous les Etats. Les privatisations se multiplient, les marchés sont déréglementés, les dépenses sociales sont diminuées.
Face aux contestations que provoque la « Révolution conservatrice » dans les institutions internationales, une nouvelle échelle de gouvernance apparait, informelle, qualifiée de « groupe de riches » elle réunit les dirigeants des six Etats les plus puissants en 1975 = G6 (Groupe élargi à 7 puis 8 depuis).
III – ... Gouverner la mondialisation
A – Le triomphe de l’idéologie libérale et capitaliste
Décennie 1990 : Evolution du contexte politique et économique mondial = fin de la guerre froide, écroulement de l’URSS, ouverture de la Chine au monde. L’idéologie libérale et capitaliste n’a plus de contre-modèle face à elle.
Carte p. 372-3. Accroissement de la coopération économique et du libre-échange : multiplication des zones de libre-échange et de coopération économique (UE qui se dote d’une monnaie unique, ALENA, MERCOSUR…). Les Accords du Gatt ont abouti, les tarifs douaniers sont faibles. Le GATT devient l’OMC en 1995 (siège à Genève), une institution autonome favorisant le libre-échange, réglant les litiges commerciaux et rassemblant presque 160 Etats (Chine en 2001, Russie en 2012). Le commerce mondial et la circulation financière explosent…
B- Le gouvernement économique du monde s’élargit, il devient la gouvernance économique mondiale
La gouvernance est un concept récent qui se distingue de celui de gouvernement et désigne un système de régulation internationale dépassant l’action des seuls Etats, par le biais de nouveaux acteurs pour peser collectivement sur l’avenir du monde.
Déclin des institutions nées après la seconde guerre mondiale, où les Etats sont souvent incapables de trouver un accord et de d’imposer des décisions communes.
Le monde est devenu multipolaire. Des pays du Sud à forte croissance, les pays émergents, contestent de plus en plus la suprématie des pays riches dans les institutions internationales. Ils obtiennent une représentativité et un pouvoir accrus au sein du FMI et de l’OMC. Ils sont intégrés dans le groupe des puissances = G20 en 2008. Parmi eux, les BRICS disposent de moyens financiers importants pour concurrencer les puissances occidentales (Cf investissements chinois dans le monde entier).
De nouveaux acteurs privés indépendants des Etats influencent les décisions économiques : FTN, lobbys économiques, agences de notation économique, banques, fonds d’investissement … Ils forment des cercles de réflexion et d’influence : ex du forum économique de Davos ….
C – La gouvernance mondiale contestée
Crises économiques régionales (Mexique, Brésil et Argentine, japon et Sud-Est asiatique dans la décennie 90, E-U au début des années 2000, l’UE au début des années 2010) et mondiales (2008) suscitent une aspiration très large en faveur d’une nouvelle gouvernance mondiale. Crise écologique dont le système économique est rendu responsable.
Aspiration portée par des économistes, la société civile (syndicats, ONG, associations… ), des mouvements internationaux comme ATTAC… C’est le mouvement altermondialiste : mouvement qui rejette la logique néolibérale et prône une mondialisation plus solidaire et maîtrisée ainsi qu’une gouvernance économique plus démocratique. Cette aspiration à une nouvelle gouvernance mondiale parvient à mobiliser les foules, organiser d’importantes manifestations (par exemple à Seattle en 1999, à Gênes …), organiser des forums sociaux mondiaux (le premier à Porto Alegre en 2001) etc… Mais ce mouvement est divisé et a donc une portée dans le temps.
Des hommes politiques défendent des programmes protectionnistes de fermeture des frontières. Au pouvoir, ils renégocient les accords commerciaux, changent les règles et fragilisent l’ordre économique mondial. En 2017 les élections de Donald Trump aux E-U et de nombreux gouvernements conservateurs en Europe fragilisent la gouvernance économique mondiale.
Aujourd’hui, la gouvernance mondiale est-elle plus efficace ? La réponse est indéniablement non. Les rivalités entre Etats se multiplient alors que les enjeux sociaux et environnementaux liés au modèle libéral et capitaliste de croissance économique sont de plus en plus prégnants.
2016-10-20 20:24:07 / mazoughou@magoe.gn
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