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Causes de la colonisation

En 1815, la plupart des États européens semblent renoncer à constituer de vastes empires coloniaux. Pourtant, dans les années 1870, l'expansion coloniale reprend avec vigueur.
Quelles en sont les raisons ?

I. Les motivations économiques

Les colonies constituent pour les pays d'Europe des réserves de matières premières. L'industrie ne cesse de croître au xixe siècle : les ressources naturelles européennes ne suffisent plus. Les pays industrialisés cherchent de nouveaux gisements de minerais et de métaux précieux.

l’Europe dispose de 78.9% de la flotte de commerce mondiale. Le commerce des pays européens représente 62% des échanges mondiaux. L’Europe possède 88% des capitaux investis dans le monde, d’ailleurs de préférence dans les pays de peuplement. Pour Jules Ferry, « la colonisation est la fille de la politique industrielle » ; inspiration économique reprise par l’anglais Joseph Chamberlain « L’Empire, c’est le commerce ». Selon cette théorie économiste, les pays coloniaux sont nécessaires à l’écoulement de la production des métropoles, d’autant plus que le protectionnisme est une donnée européenneLénine conclut pour cette théorie en faisant de l’impérialisme le stade suprême du capitalisme. ATTENTION, les contemporains en étaient persuadés, mais les écrits actuels tendent à démontrer le contraire : « Il est probable qu’en regard des investissements de plus en plus considérables, les revenus tirés des colonies où il n’y avait pas de mines, furent médiocres et que, dans son ensemble sur le plan financier, la colonisation ne fut pas payante. Beaucoup moins sans doute que les investissements capitalistes dans les pays non colonisés(…) » Henri Brunschwig au sujet de l’Afrique noire.

  • La recherche de matières 1ères, est une motivation, même si cet argument est le moins décisif. Les climats des colonies permettent également de cultiver des espèces végétales particulières, comme l'hévéa qui produit le caoutchouc naturel. Les colonies constituent pour les pays d'Europe des réserves de matières premières. L'industrie ne cesse de croître au xixe siècle : les ressources naturelles européennes ne suffisent plus. Les pays industrialisés cherchent de nouveaux gisements de minerais et de métaux précieux. Les climats des colonies permettent également de cultiver des espèces végétales particulières, comme l'hévéa qui produit le caoutchouc naturel.
  • Les progrès des transports maritimes peuvent aussi être invoqués. La navigation à vapeur l’emporte définitivement en 1880 et donne à l’expansion les moyens de sa réussite. « Les progrès de la navigation maritime est le principal phénomène économique des temps présents ». Leroy-Beaulieu, économiste.
  • La population indigène constitue une réserve de main d'œuvre bon marché, dans les mines ou les plantations. Très mal payée, elle ne possède cependant pas suffisamment de pouvoir d'achat pour absorber les excédents industriels européens (ce que souhaitent certains partisans de la colonisation). En revanche, les colonies peuvent atténuer les problèmes de surpopulation que connaissent certains pays européens : c'est le rôle des colonies de peuplement.
  • Enfin, la révolution industrielle a beaucoup enrichi l'Europe. Les colonies permettent d'investir ces capitaux et de les faire fructifier. Les intérêts sont plus importants qu'en Europe, les risques moins grands que dans un pays étranger.

II. Les raisons politiques, stratégiques et démographiques

  • Au cours du 19ème siècle, la population européenne passe de 190 millions en 1815 à 300 millions en 1890 ; soit une augmentation de 63% en 40 ans !  Parallèlement à ce mouvement, sa part dans la population mondiale croit : 20% en 1815, la population européenne représente 27% de la population mondiale un siècle plus tard (1914). On peut ainsi arguer du fait que ce surplus de population ait pu pousser des populations à s’expatrier, autant par ambition que par nécessité.
  • Les raisons stratégiques sont à relier aux mobiles militaires. Il semble primordial pour l’armée d’assurer la sécurité des communications maritimes par une chaîne de points d’appui naval : elles servent à surveiller les grandes routes maritimes ; à servir de bases d’action et de ravitaillement pour les flottes de guerre. « Les conditions de la guerre maritime sont modifiées : un navire de guerre ne peut pas porter plus de 14 jours de charbon, et un navire qui n’a plus de charbon est une épave » Jules Ferry.
  • Ainsi, faut-il s’orienter vers des explications plus politiques du phénomène colonial. Le goût de la puissance et l’orgueil national ne sont en effet pas à négliger. « L’impulsion proprement politique semble plus fort que les motivations économiques. L’ambition de grandeur et de gloire qui animait les gouvernements a pesé davantage sur les cours des événements que l’influence, plus ou moins camouflée, des sociétés anonymes ». Raymond Aron.

III. Le « devoir de civiliser les races inférieures » (Jules Ferry, 1885)

• Au xixe siècle, les Européens sont persuadés de la supériorité de leur civilisation. Leur développement industriel et commercial prouve, selon eux, la réalité de l'inégalité des races : la « race blanche » est présentée comme supérieure aux autres.

• Certains partisans de la colonisation considèrent en toute sincérité qu'ils doivent accomplir une mission civilisatrice. L'écrivain anglais R. Kipling estime qu'il s'agit là du « fardeau de l'homme blanc ». Les Européens se doivent d'éduquer ces peuples encore « mineurs » et de leur apporter les bienfaits de la technologie et de la médecine européenne. Au xixe siècle, l'esclavage disparaît des colonies.

• Enfin il faut évangéliser ces populations pour assurer le salut de leurs âmes. Les missions catholiques et protestantes parcourent les empires coloniaux, travaillant aussi parfois à l'amélioration des conditions de vie des indigènes.

Monseigneur Augouard en mission au Congo
Photographie, vers 1890. © J.-L. Charmet

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2016-10-20 20:16:09

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