I. La course aux colonies
Depuis le 16ème siècle, les européens se répandent à la surface du monde faisant des autres continents des terres de colonisation. Au début du 20ème siècle, on peut diviser le monde en 3 part : les colonies européennes, les anciennes colonies européennes et les Etats théoriquement indépendants mais sous domination européenne. Cette poussée coloniale aboutit au début du 20ème siècle au partage du monde.
Ce partage ne se fait pas de façon égale ; en effet, 2 Etats se taillent la part du lion :
- L’empire britannique s’étend sur 30 Millions de Km2 et compte 400 millions d’habitants.
- L’Empire français qui s’étend sur 10 millions de km2 pour une population de 48 millions d’habitants.
Outre l’Autriche-Hongrie, tous les autres Etats ont des empires coloniaux :
- L’Espagne, le Portugal et les Pays-Bas conservent surtout les restes des possessions acquises aux 16ème et 17ème siècles.
- La Belgique hérite du Congo.
- ·L’Allemagne et l’Italie dont l’expansion est plus tardive possèdent quelques territoires. En Afrique et dans le Pacifique pour la 1ère, en Afrique pour la 2nde.
- La Russie quant à elle se taille un immense Empire en Sibérie, en Asie centrale et dans le Caucase. Cependant, ce cas est à isoler dans la mesure où la métropole est contiguë de ses colonies.
A l’aube du 20ème siècle, 2 Etats seulement échappent à la domination européenne : le Japon et l’Ethiopie.
II. Les rivalités coloniales et les problèmes
« Le 19ème siècle a été l’âge héroïque de la colonisation, il se pourrait que le 20ème siècle en fût l’âge critique ». Leroy-Beaulieu. En effet, des mouvements à caractère national émergent. L’Europe est déstabilisée par des phénomènes nationaux. La France veut le retour de l’Alsace-Lorraine ;
L’Italie réclame les terres irrédentes (frontalières) ; la Serbie revendique la Bosnie Herzégovine…Au Royaume-Uni, la guerre civile couve sous la situation de l’Irlande. La Pologne est divisée entre la Russie, l’Autriche et la Prusse.
En Europe, l’Allemagne fait figure de leader en considération de son dynamisme industriel et son essor démographique et technique. Ses rivaux que sont l’Angleterre et la France acceptent mal cet essor. Quant à l’Allemagne, elle veut rétablir sa position d’infériorité en ce qui concerne les colonies. La poussé française au Maroc provoque deux graves crises avec l’Allemagne entre 1905 et 1911.
III. Le débat sur le colonialisme
- Dans la première moitié du xixe siècle, le principe de la colonisation ne va pas de soi : son utilité est contestée ; certains économistes estiment que les colonies sont un fardeau pour la métropole, que les investissements outre-mer s'apparentent à des fuites de capitaux. Le prix à payer pour l'empire colonial leur semble bien supérieur aux bénéfices que l'on peut en escompter. Enfin, les tensions coloniales peuvent mener à des conflits entre grandes puissances.
- En France, le principal opposant au colonialisme est Georges Clemenceau. Il remet en cause la supériorité supposée de l'homme blanc : « Races supérieures, races supérieures, c'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou race inférieure. ». Ce faisant, G. Clemenceau s'attaque à Jules Ferry, principal partisan de l'épopée coloniale. Le même débat oppose, au Royaume-Uni, Gladstone et Disraeli.
- Au début du xxe siècle, les socialistes constituent la seule force politique opposée à la colonisation. Ils craignent la concurrence de la main d'œuvre coloniale et dénoncent l'exploitation capitaliste des colonies. Cette opposition reste cependant sans effet. Il faut attendre la Première Guerre mondiale pour que se développent les premiers mouvements d'indépendance dans les colonies.
IV. La colonisation européenne
La colonisation remonte à la découverte de l'Amérique, au xvie siècle; mais c'est dans la deuxième moitié du xixe siècle que l'Europe s'est partagé le monde. La colonisation est un épisode relativement bref de l'histoire humaine : un siècle et demi après la conquête coloniale du xixe siècle, il ne reste presque plus rien des empires coloniaux. Cependant elle a laissé des traces très profondes : ainsi, hors d'Europe, les limites de la francophonie correspondent en gros à celles de l'ancien Empire colonial français.
1. Pour quelles raisons l'Europe colonise-t-elle le monde ?
• En premier lieu, la conquête coloniale est facile. Les pays européens possèdent une énorme avance technologique ; de plus, dans les régions du monde colonisées, les États sont le plus souvent faibles et archaïques et n'ont pas la capacité de réagir (à l'exception du Japon).
• L'idéologie colonialiste dominante en Europe prétend que les « races supérieures » ont le devoir de « civiliser » les « races inférieures » ; dans certains milieux liés aux Églises, on espère également christianiser les indigènes.
Les Européens pensent en termes d'impérialisme territorial : un pays, pour être puissant, doit dominer des territoires étendus, si possible répartis sur l'ensemble du globe.
• On peut aussi évoquer des causes économiques : les colonies sont censées représenter des débouchés pour les économies de leurs métropoles (ces espoirs ont été déçus, car les colonisés étaient pauvres).
2. Quelles régions du monde sont affectées par la colonisation ?
• Les Européens se partagent entièrement l'Afrique, notamment à la conférence de Berlin (1885). La France domine le Maghreb et le Sahel (la région située juste au sud du Sahara), tandis que la Grande-Bretagne s'impose en Afrique orientale et australe.
L'Asie du Sud aussi est largement colonisée, à l'exception de la Thaïlande et de l'Iran : dans cette partie du monde, la puissance principale est la Grande-Bretagne, qui possède l'immense empire des Indes. En 1920, la France et la Grande-Bretagne se partagent le Proche-Orient.
• Deux grandes régions du monde échappent à la colonisation : la Chine et l'Amérique latine (notons cependant pour cette dernière qu'elle est composée d'anciennes colonies espagnoles et portugaises devenues indépendantes au début du xixe siècle). Mais, dès le début du xxe siècle, ces pays subissent les effets d'un « néo-colonialisme » : en Chine notamment, les commerçants occidentaux sont tout-puissants, ils ne sont même pas soumis à la justice chinoise.
3. Quels sont les principaux empires coloniaux ?
• Le principal empire colonial est, de loin, l'Empire britannique : on l'appelle « l'Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ». Il comprend, d'une part, les colonies « blanches » (Canada, Australie, etc.), qui accèdent progressivement à l'indépendance mais conservent des liens avec l'ancienne métropole par le biais du Commonwealth, institué en 1931 ; d'autre part, les colonies « non blanches », dont la principale est l'empire des Indes. Elles sont gérées selon le système de l'administration indirecte, c'est-à-dire que, dans la mesure du possible, la métropole laisse en place les pouvoirs traditionnels.
• L'Empire français est le deuxième en importance. Il s'étend essentiellement en Afrique (Maghreb et Afrique noire) et en Indochine. Il est géré selon le système de l'administration directe, c'est-à-dire largement administré par des fonctionnaires français qui ont remplacé les pouvoirs traditionnels.
• L'Allemagne et l'Italie ont peu de colonies et l'Allemagne perd les siennes en 1918. En revanche, de petits pays peuvent avoir d'importantes colonies : ainsi la Belgique possède l'immense République Démocratique du Congo ; les Pays-Bas détiennent l'Indonésie.
4. Qu'apporte la colonisation aux populations colonisées ?
• La colonisation permet un certain développement des transports et, dans certaines régions, l'implantation d'une industrie et d'une agriculture modernes. Certains colonisés ont accès à l'instruction et il y a des progrès dans le domaine de la santé : on peut citer, par exemple, les campagnes de vaccination. Par ailleurs, la colonisation contribue à faire reculer l'esclavage et les guerres locales.
• Mais la plupart de ces progrès ne concernent qu'une infime minorité de colonisés. La modernisation économique est imposée et elle est faite non pas en vue des intérêts des colonisés mais en fonction de ceux de la métropole. Ainsi, une colonie n'a le droit de commercer librement qu'avec sa métropole. Les coloniséssont sous-payés, et tellement maltraités que parfois ils s'enfuient dans la forêt, par exemple en Afrique centrale vers 1920. On leur vend des produits de mauvaise qualité, à des prix très élevés. De même, l'enseignement est inadapté : dans les colonies françaises, on apprend aux enfants « nos ancêtres les Gaulois ». Dans certaines régions, des colons venus d'Europe chassent les indigènes de leur terre : en Algérie, on les appelle les pieds-noirs.
• Enfin les colonisés ne votent pas et n'ont aucun moyen de peser sur leur destin, lequel est entièrement décidé en Europe.
5. La colonisation est-elle contestée en Occident ?
• Jusqu'en 1914, très peu de voix s'élèvent en Europe contre la colonisation : ce sont essentiellement des gens qui trouvent qu'elle coûte trop cher, et aussi, en France, des gens qui estiment qu'elle détourne les Français du devoir sacré de revanche contre l'Allemagne. Vers 1910, le socialiste Jean Jaurès critique ainsi l'installation de la France au Maroc.
• Après 1920, deux grands pays se mettent à critiquer vigoureusement la colonisation : les États-Unis, qui sont eux-mêmes une ancienne colonie et qui, par libéralisme économique, réclament le droit de commercer librement avec le monde entier ; l'URSS, dont l'idéologie est hostile à l'exploitation de l'homme par l'homme. En Europe occidentale, les communistes, qui partagent les conceptions des Soviétiques, s'opposent eux aussi à la colonisation.
La SDN, où l'ensemble des pays indépendants de la planète sont représentés, est une autre tribune où les anticolonialistes peuvent se faire entendre.
6. Qu'appelle-t-on « mouvements nationalistes » ?
• Il s'agit de l'ensemble des mouvements qui luttent sur place pour le retour des colonies à l'indépendance ; le mot nationaliste n'a donc pas ici exactement le sens qu'il a en Europe, où il peut désigner aussi ceux qui luttent pour la grandeur et la puissance d'un pays déjà existant.
• Les premiers mouvements nationalistes dans les colonies européennes datent d'avant 1914 : l'on peut notamment citer Gandhi, qui prône la résistance à la colonisation par la non-violence, d'abord en Afrique du Sud, puis en Inde.
La Première Guerre mondiale fait évoluer les choses : de nombreux colonisés viennent participer aux combats en Europe et le spectacle des Européens en train de se massacrer remet en cause le prestige des métropoles.
• Dans les années 1920 et 1930, les nationalistes commencent à se réclamer de plus en plus d'idéologies modernes, venues des métropoles, notamment du communisme. Ainsi Hô Chi Minh, qui a été ouvrier en Europe, fonde le Parti communiste vietnamien en 1930.
V. Piste de réflexion
C'est la colonisation qui a fait entrer l'actuel tiers-monde dans la modernité, mais contre son gré et de force ; et cela a été une humiliation pour des peuples qui se considéraient comme très civilisés. Dans certaines régions du monde, le progrès et la démocratie sont encore aujourd'hui associés à cette humiliation et à cette injustice, et l'Occident est détesté pour les avoir apportés : c'est le cas, par exemple, dans une partie du monde musulman.
2016-10-20 20:16:23
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