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Au fur et à mesure que la victoire des Alliés sur l’Axe se précisait, les dirigeants des grandes puissances se réunissaient pour hâter la fin du conflit et préparer le nouvel ordre mondial après guerre.

1- La conférence de Téhéran (28 novembre au 2 décembre 1943) :

Le président américain Franklin D. Roosevelt, le chef d'État soviétique Joseph Staline et le Premier ministre britannique Winston Churchill, se rencontrèrent pour la première fois pour discuter de la conduite de la guerre. La principale décision fut l'ouverture d'un second front en Europe, par des débarquements en Provence et en Normandie. L'occupation de l'Allemagne après la guerre fut envisagée sans qu'un accord sur son démembrement soit conclu

2- La conférence de Dumbarton Oaks (septembre octobre 1944) :

Cette rencontre qui réuni la Etats-Unis, l’URSS, l’Angleterre et la Chine aboutit à un plan prévoyant la création d’une Organisation des Nations Unies en vue du maintien de la paix et la sécurité internationale au lendemain de la guerre. Les propositions de cette conférence reprises à Yalta servirent de base à la charte de San Francisco qui fonda l’ONU.

3- La conférence de Yalta (4 au 11 février 1945) :

Les trois grands, se retrouvèrent à un moment où les Alliés avaient largement pris l'avantage sur l'Allemagne. Les discussions portèrent sur les conditions de la capitulation allemande ainsi que sur l'organisation de l'Europe après la guerre.L'Allemagne devait être poussée à capituler sans condition et son territoire partagé en quatre zones d'occupation, trois étant occupées et administrées par une des grandes puissances et la quatrième par la France, pays non invité à Yalta.La conférence de Yalta porta également sur des problèmes de frontières. Ainsi, l'URSS conserva la partie orientale de la Pologne, tandis que celle-ci s'étendait vers l'ouest, annexant une partie du territoire allemand. En outre, l'URSS s'engagea à intervenir dans le conflit contre le Japon, après la capitulation allemande. À Yalta fut proclamée une Déclaration sur l'Europe libérée, qui prévoyait l’organisation d’élections libres et le retrait des forces d’occupation. Cette déclaration s'inspirait de la Charte de l'Atlantique et du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Enfin, Roosevelt persuada les Alliés d'adhérer au projet de l'Organisation des Nations unies, dont les bases avaient été posées à la conférence de Dumbarton Oaks, en octobre 1944.

4- La conférence de Potsdam (17 juillet au 2 août 1945) :

Les États-Unis furent représentés par le président Harry S. Truman et l'URSS par Joseph Staline. Quant à la Grande-Bretagne, elle fut représentée par Winston Churchill, à qui succéda, au cours du mois de juillet 1945, Clément Attlee.Il fut décidé un désarmement de l’Allemagne, une dénazification et une démocratisation du pays, ainsi que le jugement des criminels de guerre. Concernant la guerre dans le Pacifique, l'URSS accepta de s'allier aux puissances occidentales afin d'exiger une capitulation japonaise.Néanmoins certains problèmes ne furent pas résolus. Ainsi, les occidentaux refusèrent à Staline un mandat sur la Libye et un droit de regard sur les détroits turcs. De plus, le contrôle des Alliés sur les gouvernements européens, tel qu'il avait été établi lors de la déclaration sur l'Europe libérée, ne put être appliqué en Bulgarie et en Roumanie.

5- Le procès de Nuremberg :

Le premier procès se déroula du 20 novembre 1945 au 1eroctobre 1946, devant le tribunal militaire international composé de représentants des quatre puissances alliées (États-Unis, URSS, Royaume-Uni et France), au palais de justice de Nuremberg. Il concerna 24 hauts responsables politiques, militaires et économiques du IIIe Reich. Vingt et un comparurent effectivement. Douze condamnations à mort par pendaison furent prononcées, à l’encontre des dignitaires Nazis (Hermann Göring, Hans Frank, Wilhelm Frick, Wilhelm Keitel, Joachim von Ribbentrop, Alfred Rosenberg...). Ceux-ci sont exécutés le 16 octobre 1946 à Nuremberg, sauf Hermann Göring qui s’est suicidé la veille dans sa cellule. En outre, quatre organisations national-socialistes sont déclarées criminelles : le Parti national-socialiste allemand des travailleurs (NSDAP), la Gestapo, les SS et le SD (Sicherheitsdienst, service de sécurité des SS).Au cours de douze autres procès intentés à 177 personnes, non plus devant le tribunal militaire international, mais devant les tribunaux militaires américains, ce sont des médecins, juristes, militaires et hommes d’affaires qui sont jugés entre 1946 et 1949.

III- La naissance de l’ONU :

 

A la fin de la seconde guerre mondiale, la nécessité d'avoir un moyen d'éviter les futurs conflits en favorisant la diplomatie sur l'usage de la force parait évidente. C'est pourquoi d'avril à juin 45 se tient à San Francisco une grande conférence réunissant 51 pays où est votée à l'unanimité la Charte des Nations Unies instituant la création d'une assemblée mondiale où tous les pays du monde seront représentés : l'Organisation des Nations Unies.

«L'ONU n'a pas créé le paradis, mais elle a évité l'enfer» , dira d'elle son deuxième secrétaire général, le Suédois Dag Hammarskjöld...


L'idée n'est pas nouvelle et succède à une première tentative d'organisme international, la "Société des Nations", basée à Genève et créee à la fin de la 1ère guerre mondiale par le président américain Wilson pour régler les conflits par la discussion plutôt que par la force. Hélas, ne disposant d'aucun moyen pour faire respecter son autorité et ses décisions, il fut vite impuissants face aux provocations guerrières d'un Mussolini ou d'un Hitler.

Avec la seconde guerre mondiale, l'idée de refaire une grande assemblée mondiale permettant de faire respecter le droit international mais disposant cette fois-ci d'un peu plus de moyens fait son chemin chez les alliés, notamment Roosevelt et Churchill qui se rencontrent en 1941 et signent l a" Charte de l'Atlantique"dont les principes fondamentaux sont de condamner nommément le nazisme ainsi que toute politique d'expansion militaire, tout en garantissant aux peuples le droit de disposer d'eux même et en favorisant à la fois la liberté des échanges et le partage des matières premières.

Cette charte sert de base à l'établissement en 42 d'un nouveau texte, la "Déclaration des Nations Unies" où les pays alliés, et notamment l'URSS et la Chine, s'engagent non seulement à rester unis dans l'effort de guerre mais aussi à garantir la paix une fois l'Allemagne et le Japon vaincus.

Dès lors l'idée d'une grande assemblée commune fait  son chemin et lors d'une conférence à Dumbarton Oaks dans la banlieue de Washington à l'automne 44, les representants des Etats-Unis, du Royaume Uni, de l'URSS et de la Chine mettent en place les grandes lignes de ce que sera cette future assemblée et notamment le Conseil de Securité qui doit pouvoir agir vite et permettre aux grandes puissances vainqueurs de conserver un poids prépondérant. La France bien que battue par l'Allemagne et non invitée à Dumbarton Oaks finit par obtenir, grace à l'action de Georges Bidault ministre des affaires étrangères du Gouvernement Provisoire de la République Française, un siège de membre permanent à ce conseil de Sécurité.

Cette conférence fait l'objet d'une vaste campagne de publicité en Grande Bretagne et aux Etats-Unis pour vendre le projet aux électeurs, notamment américains pas toujours très favorables à l'idée d'un grand "gouvernement mondial".

Dès lors que la victoire des alliés est certaine peut commencer la Conférence de San Francisco en avril 45 où se réunissent 51 pays pour débattre et enteriner (non sans de nombreuses discussions et modifications) du projet de la charte des Nations Unies.
 

"Nous, peuples des Nations Unies, résolus,

 

 à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances,

 à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites,

 à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international,

 à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande,

et à ces fins

 à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage,

à unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales,

à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu’il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l’intérêt commun,

à recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de tous les peuples,

avons décidé d’associer nos efforts pour réaliser ces desseins

En conséquence, nos gouvernements respectifs, par l’intermédiaire de leurs représentants, réunis en la ville de San Francisco, et munis de pleins pouvoirs reconnus en bonne et due forme, ont adopté la présente Charte des Nations Unies et établissent par les présentes une organisation internationale qui prendra le nom de Nations Unies." (Préambule de la charte, source Cliotexte 
 

On le voit les buts de l'ONU sont simples : maintenir la paix par la diplomatie et si c'est nécéssaire par la contrainte voire la force,développer des relations amicales entre les nations basées sur le respect et l'égalité, favoriser une coopération internationale  pour résoudre les problèmes économiques ou sociaux et enfin encourager le respect des droits de l'homme (notamment avec la rédaction d'une Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en 1948)


Toutefois l'ONU n'est pas un gouvernement mondial. il ne fait pas de lois, il ne se substitue pas aux gouvernements locaux. L'Etat qui veut y rentrer doit signer la Charte et s'engager à respecter ses principes.

L'Union Soviétique est un peu méfiante envers ce projet qui lui semble un peu trop favoriser le libre échange capitaliste à son goût, le principe de 5 membres permanents du conseil de sécurité possédant un droit de veto fait grincer des dents, l'Afrique et une bonne partie de l'Asie, encore colonisés ne sont pas invités, mais au final après débats et tractations, le vote définitif de la charte et de ses 111 articles  se fait dans l'enthousiasme dans l'enceinte de l'opéra de San Francisco.
 

Les institutions de l'ONU sont les suivantes:

Une assemblée générale réunissant un représentant de tous les pays signataires sur la base: 1 pays (quelque soit sa taille) vaut 1 voix. Elle délibère et établit des recommandations.  Elle élit des organes spécialisés qui vont traiter de questions spécifiques comme le conseil économique et social qui travaille comme son nom l'indique sur les questions touchant à l'économie et au developpement ou la Cour Internationale de Justice (établi à La Haye au Pays Bas) qui doit régler les litiges entre états. C'est aussi une tribune où hommes d'états et représenatnts de mouvements politiques, religieux  ou sociaux peuvent s'exprimer devant le monde entier.

Elle élit pour 5 ans un Secrétaire Général, (de nos jours le sud-coréen Ban Ki Moon), généralement un diplomate chevroné, qui n'a aucun pouvoir de décision mais va être son porte-parole et la représenter sur le terrain.

Mais le vrai pouvoir est entre les mains du Conseil de Sécurité qui décide des sanctions à appliquer contre ceux qui ne respectent pas les régles internationales: avertissements, embargos économiques voir l'envoi d'une force armée qu'à partir de 1956 et de la Crise de Suezon appelera "les casques bleus". Entorse évidente au principe d'égalité prôné par l'ONU, au sein de ce conseil les 5 grands vainqueurs (Etats-Unis, URSS (puis Russie à partir de 1991), Chine, Royaume Uni et France) disposent d'un siège permanent et surtout d'un droit de veto qui peut permettre de bloquer toute décision de l'ONU.

A cela il faut ajouter un grand nombre d'institutions spécialisées, dépendant de l'ONU, qui vont mener des missions précises autour d'un thème. Citons l'Organisation Mondiale de la Santé, qui developpe campagnes de vaccination et accés aux soins pour les pays pauvres, l'Organisation Mondiale du Commerce , qui cherche à promouvoir le libre-échange économique, l'Organisation des Nations Unis pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) qui aide au développement ou encore la méconnue Organisation de l'Aviation Civile Internationale qui va mettre en place de régles communes pour harmoniser le transport aérien.

L'ONU s'installe à New York à partir de 1950 sur un territoire de 7 hectares qui devient neutre et international. C'est une énorme "ruche" remplie de diplomates et de traducteurs. Mais si son action est importante d'un point de vue économique et social, son action politique est rapidement paralysée par la guerre froide. 

En effet à partir de 1947, la grande alliance issue de la guerre est bien morte. URSS et Etats-Unis vont régulièrement utiliser leur droit de veto pour protéger leurs intêrets. de même dès qu'on commence à parler de décolonisation, la France et la Grande Bretagne menacent de dégainer le leur.

Le texte intégral de la Charte peut se retrouver sur le site de l'ONU , même sans lire les 111 articles, le reclassement par thématique permet de comprendre les grands axes du projet onusien.

 

 


2016-10-20 20:15:05 / mazoughou@magoe.gn

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