Texte : Le jour d’indépendance.

Pendant que je retournais an camp, les milices populaires distribuaient le premier journal officiel aux citoyens. Je m’évertuais à chercher le nom de quelques connaissances, j’eux la joie d’apprendre que le capitaine Baba Sanoussi était promu comme général d’armée et chef d’Etat-major général et le lieutenant Fof devenait colonel.

Il y avait plusieurs promotions d’anciens officiers ou sous-officiers indigènes ayant fait leur preuve dans l’armée Toubab.

Le pays était encadré, bien encadré. En outre il y avait une lignée sans fin de noms de civils nouvellement désignés comme ministres, députés, secrétaires généraux, responsables de toute sorte. La plupart des nouveaux chefs étaient les membres du P.S.E, pour ceux qui n’étaient pas intronisés, ils n’avaient qu’à se reconvertir au Messi Koïsme pour pouvoir bénéficier d’une rapide promotion.

Je parcourais la liste lorsque mon regard tomba sur un nom, celui-là « Halouma ». Halouma ! je lui croyais mort depuis fort longtemps, le voilà qui ressuscite au jour même de l’indépendance. L’assassin de Mouchons était libre, en bonne santé avec la grade de commandant en chef des milices du parti. Il devenait par ses fonctions le second personnage du nouvel Etat.

Après avoir lit ce passage la terre se dérobait sous mes pieds : Moi qui attendait un changement, un miracle avec la venue des indépendances j’avaient découvert un peuple d’incertitude aussi angoissant que la pensée d’entrer soudain dans la tombe. Une sourde révolte grondait en moi, les souvenirs de la formation des milices de Barekoulé, du Mont Kakoulima, de mon emprisonnement injuste, de la folie des marchés. C’était cela donc me dis-je, je laissais tomber le journal dans la rue.

Alioune Fantouré (Cercle des tropiques 1972).

Situation du texte :

Ce texte est tiré du roman ‘’Cercle des tropiques’’ d’Alioune Fantouré, écrivain guinéen né en 1938 à Forécariah. Après ses études en France et en Belgique, il s’installe à Vienne (Autriche) où il est spécialiste en économie.

Résumé du roman :

Le ‘’Cercle des tropiques’’ est le tout premier de Fantouré publié sur les indépendances en 1972.

‘’Bohidi’’ (fils de la terre) est le héros de ce roman. L’action du roman se passe quelque part en Afrique dans un pays imaginaire appelé ‘’Marigot du Sud’’. Après l’acquisition de son indépendance, le pays devient la république des marigots du sud capitale poste océane présidée par Baré Koulé.

Le peuple de ce pays marginalisé, traumatisé par la direction de la colonisation même sous la direction de Barékoulé une action héroïque et obtient sous indépendance dans l’enthousiasme. Mais peu après l’indépendance le président plonge le pays dans la dictature et devient chef appelé ‘’Messi Koï’’ avec des responsables administratifs et politiques appelés les Koïs.

Analyse du Cercle des tropiques

C’est un roman qui raconte l’histoire de l’indépendance des Marigots du Sud. L’auteur se donne à un procès de son indépendance tout en exposant les problèmes suivants :

L’existence du parti unique qui a supprimé toutes les libertés. C’est le véritable ennemi de la démocratie ;

L’incompétent des cadres choisit non par leur capacité mais par leur fidélité au parti ;

Les arrestations arbitraires, beaucoup de personnes seront arrêtées et liquidées sans aucune preuve ne soit retenu sur elle.

Tous ces problèmes vont transformer l’espoir de ces populations en désespoir, elle ne donnait plus de sens à la vie. Pour exprimer Fantouré affirme : « J’ai soudain plus de la vie qui m’échappe de mes actes qui m’échappent de l’existences elle-même à laquelle je ne puis donner un sens précis, d’ignorer les sens d’un certain mot que d’aucuns appellent bonheur ».