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La crise des années 30

Objectifs spécifiques

Expliquer les principales crises économiques, politiques, sociales, militaires et diplomatiques ayant conduit à la seconde guerre mondiale de 1939 à 1945.

1. Introduction

L’espoir d’équilibre né dans les années ‘’20’’ avec la création de la SDN fut de courte durée. Le krach boursier d'octobre 1929 a plongé le monde dans une crise économique et financière qui durera dix ans, entraînant faillites et chômage de masse à travers l'ensemble des pays industrialisés.

Face à l’ampleur du recul économique et du désastre social, les démocraties semblent impuissantes et sont très vite remises en cause. Des régimes autoritaires se développent alors en Europe. Les conséquences politiques et diplomatiques seront énormes avec notamment l'élection en 1933 d'Adolf Hitler en Allemagne.

La vision expansionniste et nationaliste incita le Japon, l’Italie et l’Allemagne à violer les conventions de paix et à lancer de nouvelles agressions. Une série de crises, de nature économique, politique, sociale, diplomatique et militaire précipita le monde dans la seconde guerre mondiale.

2. Définition

2.1. Crise des années 30

La crise des années ‘’30’’ dans le monde est l’ensemble des évènements malheureux engendrant des déséquilibres d’ordre économique, politique, social, diplomatique et militaire, survenus entre 1929 et 1939 débouchant à la seconde guerre mondiale.

2.2. Dévaluation

Action d’abaisser la valeur d’une monnaie, en particulier par rapport aux monnaies étrangères.

2.3. Antiparlementarisme

Opposition au régime parlementaire, accusé d’inefficacité, notamment en période de crise.

2.4. Fascisme

Régime fondé par Benito Mussolini en Italie à partir de 1922 ; il se caractérise par la dictature d’un parti unique et l’exaltation du nationalisme.

2.5. Krach

Effondrement brutal des cours de la bourse.

3. Causes de la crise des années 30

3.1. Le déséquilibre du marché

Aux Etats-Unis, la production industrielle augmente considérablement depuis 1922 à cause de la forte demande de l'Europe ruinée par la « Grande Guerre de 1914-1918 ». Or en 1927 l'Europe reconstruite achète moins qu'avant et les marchés se rétrécissent d'autant plus que la concurrence est vive entre les puissances capitalistes. Il se crée ainsi un décalage entre la production et la consommation.

3.2. Le déséquilibre financier

La prospérité des années 20 développe le crédit bancaire à la consommation mais aussi à la spéculation boursière. Le crédit à la spéculation boursière favorise l’envol des actions que les particuliers achètent pour revendre aussitôt et obtenir un profit. A partir de 1927, le lien entre le dynamisme de l’entreprise et la valeur de ses actions est rompu. Les entreprises s’affaiblissent alors que la valeur des actions en bourse augmente.

3.3. Le Krash boursier de Wall Street

Le jeudi 24 octobre 1929 (ou « jeudi noir »), les cours baissent de 22% en quelques heures : c’est l’effondrement de la bourse (le krach). Les actions proposées sur le marché ne trouvent pas d’acheteurs : leurs prix s’effondrent. La panique est générale : des millions de petits spéculateurs sont ruinés car les actions qu’ils ont achetées à crédit n’ont plus aucune valeur.

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4. Propagation de la crise des années 30

4.1. Des États-Unis à l’Europe centrale

Le 24 octobre 1929, le krach de la bourse de New York, Wall Street, déclenche une crise économique qui se propage rapidement en Europe centrale. Les banques et les particuliers américains rapatrient leurs capitaux placés à l’étranger, ce qui entraîne la faillite des banques, notamment en Allemagne et en Autriche.

De plus, les pays européens privés de cet argent, doivent réduire leurs importations, ce qui amène un ralentissement général du commerce international. L’effondrement des prix agricoles et industriels pousse à une diminution des productions qui provoque le chômage.

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4.2. L’Europe occidentale touchée plus tardivement

Le Royaume-Uni, atteint par la crise après l’Allemagne, doit dévaluer sa monnaie – la livre sterling – en 1931.

La France est épargnée par la crise jusqu’à l’automne 1931. Dès lors elle subit une crise moins brutale mais plus durable que ses voisins.

4.3. La crise touche les autres continents

Les difficultés économiques des pays industrialisés et le recul du commerce mondial provoque la chute des prix des matières premières surtout agricoles (blé, coton, laine, café…) et donc étend la crise aux colonies et aux pays agricoles.

Seule l’URSS échappe à la crise car et ses échanges sont très limités avec le reste du monde.

5. Conséquences de la crise des années 30

5.1. Conséquences économiques

5.1.1. Aggravation de la crise économique

Manifestation de chômeurs à Chicago en 1934

Manifestation de chômeurs à Chicago en 1934

La crise économique préexiste à la crise boursière, mais elle est aggravée par celle-ci : les spéculateurs ruinés vident leurs comptes bancaires, les banques ne peuvent faire face, d'autant que les autres déposants, inquiets, demandent à être remboursés. 600 établissements environ font faillite en 1929, 1.300 en 1930, 2.300 en 1931. Ceux qui survivent restreignent les crédits.

Comme les spéculateurs ruinés ne sont plus des clients possibles, production et consommation souffrent. Des entreprises ferment : 22.000 en 1929, 26.000 en 1930, 28.000 en 1931. En 1932, quatre fois moins d'automobiles qu'en 1929 arrivent sur le marché, le revenu national américain a chuté de plus de moitié, la masse salariale également, le chômage – total ou partiel – frappe le quart de la population active.

Cela aggrave encore la mévente, d'où une baisse des prix qui déclenche d'autres faillites, d'autres licenciements, d'autres méventes. Mais si la production industrielle diminue de 30 %, la production agricole est réduite de 60 % : les agriculteurs sont particulièrement touchés. Beaucoup, ruinés, expropriés, deviennent des errants, tels ceux dépeints par l'écrivain Steinbeck dans « les Raisins de la colère ».

5.1.2. La déflation

Des États-Unis, la crise s'étend au monde entier. Les Américains rapatrient d'Europe leurs avoirs, mettant en crise les systèmes boursier et bancaire du Vieux Continent. Leurs mesures protectionnistes (la loi Hawley-Smoot, du 17 juin 1930, impose des droits de douane de 52 % de la valeur des importations, entraînant des mesures de rétorsion des pays pénalisés) et la chute de leurs importations provoquent l'effondrement du commerce international, qui diminue des deux tiers en valeur, d'un quart en volume.

Cette contraction entraîne une baisse générale de l'activité économique. La notion de déflation, qui correspond à une conjoncture économique dans laquelle la demande se contracte par rapport au volume de biens et de services produits, provoquant une baisse des prix et des revenus, caractérise donc bien la crise de 1929. Ainsi le PNB américain passe-t-il de 104 milliards de dollars en 1929 à 56 milliards en 1933.

5.2. Conséquences sociales

La crise a pour conséquence un phénomène de repli sur soi ; des mesures protectionnistes ou autarciques sont décidées, des réactions xénophobes se produisent.

5.2.1. Excès de xénophobie, tension raciale, antisémitisme

En France, la haine de l'étranger affecte tous les milieux.

Le monde ouvrier n'est pas épargné, des travailleurs belges, italiens, marocains, polonais sont assassinés. Des revendications xénophobes se font jour jusque dans les syndicats communistes.

Les milieux bourgeois sont aussi touchés.

Les médecins font interdire l'exercice de leur art aux étrangers, la profession d'avocat se ferme aux nouveaux naturalisés. Avec d'importantes nuances, des restrictions à l'immigration sont réclamées par certains socialistes comme Roger Salengro et par certains hommes de droite comme Charles Maurras.

En vain, l'extrême gauche ou un patronat favorable (avec Paul Reynaud) à l'afflux d'une main-d'œuvre étrangère cherchent à se faire entendre. On assène de fausses évidences, on fixe des quotas, on pourchasse les « clandestins ». Officiellement, il n'y a pas de départs forcés ; mais on fait signer « librement » à des immigrés des demandes de rapatriement, et l'écrivain Saint-Exupéry, dans « Terre des hommes », peut ainsi décrire le pitoyable convoi des Polonais chassés de France.

Ailleurs, c'est la tension raciale qui augmente.

Le chômage atteint plus les Noirs que les Blancs aux États-Unis, plus les indigènes que les Européens en Afrique du Nord ; en Europe centrale et surtout dans l'Allemagne hitlérienne, l'antisémitisme, exutoire traditionnel du mécontentement, réapparaît en force.

5.2.2. Misère et agitation sociale

La crise touche inégalement les différentes couches sociales. Les revenus des fonctionnaires et des retraités baissent.

Les classes moyennes (travailleurs indépendants, rentiers et agriculteurs) sont aussi touchées : en France, les revenus commerciaux et industriels chutent d'un quart en 1931, de moitié en 1935.

Cette situation engendre des troubles graves :

  1. Aux États-Unis, des « marches de la faim », avec des morts lorsque la police intervient, comme dans la banlieue de Détroit ;
  2. En Grande-Bretagne, des manifestations de chômeurs, et même une mutinerie de la flotte ;
  3. En France, l'émeute du 6 févier 1934, liée aux difficultés des classes moyennes ;
  4. Dans l'Italie fasciste même, des manifestations secouent le régime et font autoriser l'émigration des mécontents.

5.2.3. Chômage et détresse sociale

Les conséquences sociales de la crise sont désastreuses en Europe comme dans le reste du monde. Le nombre des chômeurs s’accroit rapidement alors qu’aucune indemnisation n’est prévue pour les aider. On compte en 1932 :

  1. En Allemagne : 6 millions de chômeurs ;
  2. Au Royaume-Uni : 2,7 millions de chômeurs ;
  3. En France : 0,35 millions de chômeurs

Le pouvoir d’achat s’effondre et la misère s’étend.

5.3. Conséquences politiques

La crise entraîne un bouleversement du paysage politique. Ces bouleversements créent de l'instabilité politique. Dans les démocraties, les équipes en place sont écartées : républicains américains en 1932, droites françaises la même année, puis, de nouveau, en 1936 après que l'émeute de 1934 leur a redonné le pouvoir.

Ces difficultés ont leur pendant international. Après les États-Unis, tous les pays décident des mesures protectionnistes. La Grande-Bretagne met même fin en 1932 à 86 ans de libre-échange. Les pays « nantis », grâce à leur or (États-Unis, Grande-Bretagne et France possèdent 80 % du stock mondial), leurs matières premières, leurs colonies, maintiennent toutefois des échanges presque normaux et s'entendent pour éviter le contrôle des changes.

D'autres choisissent l'autarcie ou prônent la conquête de marchés par la voie de l'annexion. Avant Hitler, l'Allemagne, faute de devises, se ferme économiquement et fait du troc avec des pays ruraux d'Europe de l'Est et d'Amérique latine : elle est en 1936 le premier fournisseur du Brésil et du Chili — et cela facilite la contamination idéologique.

Pour d'autres États, la maîtrise de marchés passe par une politique coloniale. L'Italie se lance dans l'affaire éthiopienne en 1935 (campagnes d'Éthiopie). Le Japon, en 1931, établit sa domination sur la Mandchourie, puis commence en 1937 la conquête du reste de la Chine.

Ainsi, nulle région n'échappe à la crise ou à ses conséquences. Si l'URSS paraît épargnée, au point que son modèle suscite un regain d'intérêt en Occident, la vérité est qu'elle se replie sur elle-même, ce qui explique en partie la régression stalinienne : pour elle aussi, 1929 est un tournant politique majeur.

5.3.1. La crise des démocraties

Dans un premier temps, les démocraties à tradition libérale se refusent à intervenir dans l’économie. Elles se contentent de mesures modérées comme la réduction des dépenses publiques. Ainsi les salaires des fonctionnaires sont réduits – décision très impopulaire. Les pays qui ont des colonies, comme le Royaume-Uni et la France, intensifient leurs liens avec elles. Mais, dans l’ensemble, ces mesures semblent peu efficaces.

Cette impuissance à résoudre la crise économique entraîne une remise en cause des démocraties. L’antiparlementarisme se développe, d’autant que l’instabilité ministérielle – comme en France – accroît l’inquiétude. Les mouvements d’extrême droite s’amplifient, réclamant un régime plus autoritaire et plus efficace.

En Amérique latine, des coups d'État mettent aux prises les oligarques classiques, liés aux États-Unis, et des populistes partisans d'un développement autonome, admirateurs des régimes fascistes.

5.3.2. La montée des dictatures

Souvent, l'échec du libéralisme économique suscite le rejet du libéralisme politique : agitateurs et partisans de solutions autoritaires sont volontiers écoutés — d'où le poids des ligues en France, le développement d'un parti fasciste anglais autour du leader Oswald Mosley et surtout, en Allemagne, la lame de fond qui apporte au national-socialisme plusieurs millions de voix.

Les régimes autoritaires sont renforcés par la crise. L’URSS de Staline, – seul pays épargné par la crise – et l’Italie fasciste y voient la preuve du bien fondé de leurs critiques de la démocratie occidentale.

L’essor des dictatures en Europe pendant les années 30 est impressionnant : Allemagne (où le parti nazi tire profit de l’ampleur de la crise économique et sociale), pays baltes, Bulgarie, Grèce, Roumanie… Sur 28 États européens, en 1938, on compte seulement 13 démocraties.

Les tensions internationales s’accroissent en raison de l’agressivité accrue des régimes autoritaires.

6. Les réponses à la crise de 1929

Face à la crise, le président américain Hoover conduit une politique économique libérale qui consiste à laisser les entreprises faire faillite sans intervention de l’Etat. La conséquence a été une aggravation de la crise.

A la suite de l’élection du président Roosevelt (1932), les États-Unis mènent une politique de relance économique (la « Nouvelle donne » ou « New deal »), c’est-à-dire que l’État finance des programmes d’aides sociales et de constructions (routes, barrages, …) qui ont augmenté le pouvoir d’achat des particuliers et donc relancé la consommation et la croissance. Cette politique s’inspire des théories de John M. Keynes qui ont profondément marqué la science économique.

Progressivement, la dépression recule, mais c'est l'entrée en guerre des États-Unis, en 1941, qui permet de la supprimer totalement.

La France s’engage en 1934 dans une politique de déflation et de blocage des salaires des fonctionnaires. Mais l’échec de ces mesures provoque, en 1936, la victoire du Front populaire qui ne parvient pas à enrayer la crise économique et financière.

L'Angleterre dévalue sa monnaie en 1931 et s’engage dans une politique protectionniste.

En Allemagne, le parti nazi promet aux chômeurs le retour de la croissance. Adolf Hitler mène, à partir de 1933, une politique d'industrialisation et de militarisation qui permet le retour à l'équilibre mais entraîne l'Europe dans la guerre.

Le Japon choisit la voie de la croissance industrielle dopée par la conquête de marchés extérieurs et les dépenses militaires.

Conclusion

La crise des années 30 a révélé les limites du capitalisme dérégulé. Les politiques anti-crises qu’elle provoque renforcent l’interventionnisme de l’Etat dans l’économie, entraine des tensions internationales liées au protectionnisme alors que le réarmement des dictatures fait planer la menace d’un second conflit mondial.


2024-02-13 20:22:00

5 commentaires

  1. mais j'aimerais savoir les differentes crises avec leurs dates s'il vous plait

    J' adore vraiment votre site

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