En 1963, 32 États créèrent l’Organisation de l'unité africaine à Addis-Abeba en Éthiopie. Parmi les chefs d'État fondateurs, les avis divergeaient sur sa nature. Les partisans du fédéralisme, menés par le président du Ghana Kwame Nkrumah, s’opposaient aux tenants d’une « Afrique des États » avec à leur tête le président sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ces derniers imposèrent leur vision et l’Organisation de l'unité africaine devint un outil de coopération, et non d’intégration, entre les États.
En mai 1963, la charte de l'organisation (qui fut rédigée notamment par le président malien Modibo Keïta et le président togolais Sylvanus Olympio quelque temps avant sa mort) fut signée par trente États africains indépendants.
Suite à la Guerre du Kippour et au Sixième sommet des chefs d'État arabes (novembre 1973), le Conseil des ministres de l'OUA s'est réuni du 19 au 21 novembre 1973 en session extraordinaire d'urgence, à la demande de l'Algérie, et a décidé de créer un comité chargé de prendre contact avec la Ligue arabe pour définir une politique de coopération entre les États africains et le monde arabe1 ; 42 États africains ont ensuite rompu leurs relations avec Israël2.
En 1984-1985, le Maroc se retire de l'Organisation de l'unité africaine, dont il était membre depuis 1963, à la suite de l'admission de la République arabe sahraouie démocratique.
Dans les années 1980, l'OUA est en crise. Le président burkinabé Thomas Sankara se montre très critique à l'égard de son fonctionnement: « L'OUA telle qu'elle existait ne peut pas continuer. [...] L'Afrique est face à elle-même avec des problèmes que l'OUA réussit toujours à contourner en remettant leur résolution à demain. Ce demain-là, c'est aujourd'hui. On ne peut plus remettre à demain toutes ces questions. C'est pourquoi nous trouvons que cette crise est tout à fait normale. Elle arrive peut-être même avec un peu de retard. »
En 2002, l'Union africaine remplace l’organisation de l'unité africaine. L'Union africaine ayant été créée en 2000 à Durban en Afrique du Sud.
Organisation
Le président égyptien Nasser au sommet du Caire de 1964.
Les quartiers généraux de l'Organisation de l'unité africaine, se trouvaient à Addis-Abeba (c'est toujours le cas pour l'actuelle UA).
Les organes principaux de l'Organisation de l'unité africaine étaient :
- La Conférence : Réunion des chefs d'État et de gouvernement une fois l'an. C'était l'organe décisionnel de l'Union .
- Le secrétariat général de l’Union africaine.
Si la Conférence a été gardée dans l'architecture institutionnelle de l'Union africaine, le secrétariat a été remplacé par la Commission. Celle-ci reste l'autorité exécutive mais dispose également d'un pouvoir d’initiative
Institutions spécialisées
Les institutions spécialisées de l'OUA étaient les suivantes :
- Union panafricaine des télécommunications (UPAT) ;
- Union panafricaine des postes (UPAP) ;
- Agence panafricaine de nouvelles (PANA) ;
- Union des radiodiffusions et télévisions nationales d'Afrique (URTNA) ;
- Union africaine des chemins de fer (UAC) ;
- Organisation de l'unité syndicale africaine (OUSA) ;
- Conseil supérieur du sport en Afrique (CSSA) ;
- Bureau africain des sciences et de l'éducation, Fonds africain pour la recherche scientifique et l'éducation, Organisation internationale spécialisée (BASE – FARSE – Union africaine) est la nouvelle appellation du Bureau africain des sciences de l'éducation, à la suite des Réformes techniques, administratives et financières internationales commandées par la 10e session extraordinaire du Comité exécutif du BASE/OUA tenue les 20-22 décembre 1991 à Dakar en république du Sénégal.
Les anciens directeurs généraux du BASE sont :
- Anicet Mugala Sansong Asindié (RDC) (1973-1988) ;
- Jean Bassinga (Congo-Brazzaville) (1988-1991) ;
- George Guédou (Bénin) (1992-1995) ;
- Saliou Mangane Saliou (Sénégal) (1995-1996) ;
- Ambrosio Lukoki (Angola) (1996-2000).
Liste des secrétaires généraux de l'OUA
- 1963-1964 : Kifle Wodajo
- 1964-1972 : Diallo Telli
- 1972-1974 : Nzo Ekangaki
- 1974-1978 : William Eteki Mboumoua
- 1978-1983 : Edem Kodjo
- 1983-1985 : Peter Onu
- 1985-1989 : Ide Oumarou
- 1989-2001 : Salim Ahmed Salim
- 2001-2002 : Amara Essy
Critique
Même si l'Organisation de l'unité africaine était souvent tournée en dérision et qualifiée de bureau de tractations commerciales sans réels pouvoirs, le secrétaire-général ghanéen de l'Organisation des Nations unies, Kofi Annan, en fit l'éloge pour sa capacité à rassembler les Africains. Au cours de la trente-neuvième année d'existence de l'organisation, les critiques (notamment les ONG) affirmaient avec toujours plus d'insistance que l'Organisation de l'unité africaine ne protégeait pas suffisamment les droits et les libertés des citoyens africains contre leurs propres dirigeants politiques. Son remplaçant, l'Union africaine, semble après quelques années d'existence faire preuve de plus d'efficacité dans la prévention et la résolution des conflits, et dans l'ouverture démocratique.
Les deux thèmes fédérateurs au sein de l'OUA étaient la décolonisation et la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. L’aide envers les peuples encore colonisés restera son action la plus marquante. L’OUA utilise l'Organisation des Nations unies (ONU) comme une tribune pour plaider leur cause. Elle apporte son assistance politique et matérielle aux mouvements indépendantistes. L’organisation panafricaine sera peu efficace dans la lutte contre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, bien qu’elle le dénonce avec vigueur.
En ce qui concerne les règlements des conflits : comme en témoignent les principes de l'OUA, les États de l'organisation ont opté pour la non-ingérence. Ce qui lui a été reproché l'OUA a néanmoins mené des médiations pour régler certains conflits. Elles s'avéreront peu probantes. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui regroupe 16 pays, se montre plus active sur ce point, comme au Libéria dans les années 1990.
L'OUA fut avant tout un forum de coopération entre chefs d’États. La conférence, qui est l’organe suprême réunissant les chefs d'État et de gouvernement, prenait toutes les décisions. Les États étaient souvent divisés sur les sujets, ce qui entraînait un certain immobilisme dans de nombreux domaines.
Au niveau économique : l’objectif d'intégration économique est caractérisé par une trop grande ambition des projets comparée aux faibles moyens alloués. En 1991, le traité d’Abuja (Nigeria) prévoit l’instauration d’un marché commun continental à l’horizon 2025. Mais les avancées du projet laissent les observateurs sceptiques.
Sur la promotion des droits de l’homme et de la démocratie : l’OUA adopte en 1981 une Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, aujourd’hui ratifiée par la quasi-totalité des États. Son mécanisme de contrôle est resté très limité : la commission qui s'en chargeait ne pouvait que rendre un rapport, souvent confidentiel, à la conférence des chefs d’État et de gouvernement qui disposait du dernier mot.
2016-10-20 20:21:32
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